Il me paraît évident que le système actuel de service public nous protège des intérêts commerciaux et de la désinformation.
La grande force de la SSR est son indépendance. Elle reçoit un financement fixe et stable. Ses journalistes sont donc libres d’exercer leur métier sans devoir satisfaire tel ou tel sponsor, propriétaire ou – pire – gouvernement. Car les intérêts commerciaux ne sont rien par rapport aux intérêts politiques. En contrôlant la radio et la télévision, on peut gagner des élections et déclencher des conflits sociaux. Je ne veux pas que l’information que je regarde soit triée et influencée, ni par un monsieur Blocher (ni par un monsieur Levrat d’ailleurs), ni par un groupe d’investisseurs qui ne cherche que le profit et encore moins par le Groupe M6 ou TF1. Ces trois derniers exemples deviendront inévitablement réalité si un oui sort dans les urnes.
La désinformation est l’utilisation des techniques de l’information de masse pour induire en erreur, cacher ou travestir les faits. Seul un journaliste qui n’a pas pour but unique de faire augmenter l’audimat et qui peut se concentrer sur les faits et la découverte de la vérité, permet d’assurer une certaine protection contre la désinformation. Le Canada a bien compris ce problème grandissant de fake news et, pour contrer cela, a décidé d’augmenter de 620 millions de dollars sa subvention à l’audiovisuel public (LT05.02.18)
Pour ce qui est du choix de payer pour ce que l’on consomme : sans parler du fait que je trouve cela égoïste surtout dans un pays comme le nôtre, avec toutes ses minorités et avec nos traditions de fédéralisme solidaire, cette façon de procéder peut devenir dangereuse. L’information de notre service public aujourd’hui suit sa charte. Elle doit donner voix à toutes les opinions et informer le public. Si chacun commence à payer, et donc consommer, uniquement ce qu’il veut, la confrontation à d’éventuelles autres opinions, arguments ou façons de penser sera massivement réduite. Le risque est alors qu’une personne avec des convictions politiques s’abonnera et regardera uniquement des chaînes qui iront dans sa direction. Ce danger commence à devenir réalité aux USA avec des chaînes « républicaines » (Fox News, Breitbart… ce dernier étant dangereusement Fake) et des chaînes « démocrates » (CNN, CNBC…). Chaque « camps » regarde ses médias et conforte ainsi de jour en jour les opinions qu’il avait déjà sans jamais rien remettre en question. Le débat démocratique se verra appauvrit, les votants mal informés (il n’y a rien de pire qu’une personne mal informée mais qui pense le contraire) et notre démocratie affaiblie.